30 ans et pas une ride. Tout rond et tout mignon, Kirby’s Dreamland déboulait le 27 avril 1992 sur Game Boy. D’abord blanc comme un linge, il passera finalement au rose qui lui sied tant une année plus tard avec Kirby's Adventure sur NES. Nintendo accouchait alors de la plus adorable des mascottes devenue au fil des années le chouchou des Japonais. Trois décennies et une trentaine de jeux à la qualité aléatoire plus tard, l’entreprise niponne commémore cet anniversaire symbolique de la plus belle des manières.
Retour aux sources pour Kirby. Forte d’une première incursion récente dans le monde de la 3D et de l’open world, la petite boule rose gloutonne spécialisée dans la copie n’en finit plus de se démultiplier. La mascotte revient avec un énième jeu sur Nintendo Switch pour célébrer ses trente printemps : Kirby’s Return to Dream Land Deluxe. Un remake comme la firme japonaise sait si bien les faire qui remet au goût du jour Kirby’s Adventure, sorti sur Wii il y a onze ans. Ne vous laissez pas berner par son nom de menu de fast food, l'exclusivité tient davantage du plat gourmet.
Une recette toujours aussi délicieuse
Tout va bien dans le meilleur des mondes à Dream Land. Le soleil brille, Meta Knight bouquine tranquillement, le roi Dadidou et Waddle Dee coursent Kirby dans l’espoir de lui dérober une part de son fraisier avant qu’il ne l’engloutisse. Il n’y a que le crash d’un vaisseau spatial en forme de navire qui pourrait gâcher cette escapade paisible. Sans l’ombre d’une hésitation, la boule rose et ses amis volent au secours de son capitaine, Magolor, pour l’aider à repartir chez lui. Aussi vaillant que gourmand, le héros local part à la recherche des pièces manquantes de ce navire spatial éparpillées dans toute la région. Une histoire prétexte pour nous faire repartir à l’aventure le temps de quelques heures, que l’on dévore allègrement.
Kirby’s Return to Dream Land Deluxe, c’est du Kirby dans la plus pure de ses formes : un platformer 2D en scrolling horizontal qui régale de bout en bout. Comme une bonne recette de grand-mère, le jeu reprend tous les ingrédients à la lettre en y ajoutant quelques épices pour relever le goût. La mascotte devra toujours avaler toutes les créatures mignonnes sur son chemin pour s’emparer de leurs pouvoirs. La chanson, on la connaît par cœur : aspirez la créature avec une épée pour vous transformer en Link, gobez la bestiole volante pour devenir une tornade qui détruit tout sur son passage, happez la petite roche sur pattes pour devenir aussi dur que la pierre. Deux nouveaux pouvoirs viennent pimenter le tout : un mecha et le sable.
Le premier transforme le héros en un véritable Gundam capable de lancer des lasers, d’affliger des corrections à grands coups de boules de feu et de se déplacer en volant avec classe. Une fois le second dans l’estomac, le rondouillard peut créer des mini tempêtes de sable et lancer des projectiles qui peuvent aller dans tous les sens. Ça ne révolutionne pas la machine, mais la prise en main et le feeling sont aussi grisants que les autres pouvoirs sans paraître plus cheatés qu’un autre. Le sable semble cependant avoir un avantage face à certains boss, mais comme d’habitude avec Kirby le challenge est en supplément alors ça ne fait pas de grosse différence. Ce remake Nintendo Switch s’accompagne cependant d’un nouveau mode d'assistance activable à l’envi. A tout moment ce bon vieux Magolor peut revenir à la rescousse. Potions, sauvetage in extremis en cas de chute dans le vide ou encore absorption automatique des ennemis, tout est fait pour améliorer l’expérience des plus petits.
Return to Dream Land Deluxe est du Kirby pur jus et donc relativement facile. Comme avec le matériau d’origine, l’histoire principale peut-être terminée en 8h chrono sans grosse difficulté. Au pire on meurt une ou deux fois quand les choses se corsent un peu, mais le joueur aguerri n’aura aucun mal à venir à bout de l’aventure avec plus de vies qu’il n’en faut au compteur. Le challenge se trouve davantage dans les puzzles et les niveaux annexes qui feront davantage appel à la dextérité. Toujours au menu donc, des mondes interdimensionnels planqués à chaque étape avec un scrolling fatal si l’on ne va pas assez vite, des boss un peu plus retors, des sphères d’énergie supplémentaires pour débloquer des mini-jeux, des défis et autres bonus. La structure du jeu est toujours aussi fichtrement bien conçue pour pousser à l'exploration complète des différents mondes faisant rapidement grimper la durée de vie et l’intérêt. Cerise sur le gâteau, les divers contenus annexes (arènes, défis, etc.) apportent la petite dose de challenge qui pourrait manquer aux adultes, mais ça, ceux qui y ont joué il y a dix ans de ça sur Wii le savent déjà. Alors qu’est-ce qui change fondamentalement pour justifier un nouvel achat ?
C'est Magolor qui régale !
Kirby Return to Dream Land Deluxe nous sert avant tout un nouveau plat de résistance. Une fois l’histoire principale terminée, un épilogue consacré à Magolor se débloque. Perdu dans une autre dimension après les événements du jeu d'origine, le fourbe voyageur interdimensionnel part à la recherche de ses pouvoirs perdus. Exit Kirby, place à l’anti-héros. Si la prise en main est fastidieuse au départ, Magolor et sa quête apportent rapidement un petit zeste de fraîcheur de par ses mécaniques qui lui sont propres. Le bougre peut lancer une sphère magique horizontalement et verticalement, larguer des bombes depuis les airs, faire jaillir des aiguilles depuis le sol ou encore disparaître quelques secondes pour s’évader et se protéger avec un bouclier capable d’encaisser cinq attaques. Une palette de mouvements qui se complète à la fin de chaque étape et en collectant assez de points de magie pour améliorer l’ensemble via son arbre de compétences. Santé, talents, temps de lévitation, le joueur peut améliorer les aptitudes de Magolor pallier par pallier pour l’aider à retrouver sa force et améliorer sa maniabilité. Petit à petit, le gameplay gagne en profondeur et en dynamisme. Le premier contact n’a rien de bien fou au début, mais cette sensation se fait alors rapidement oublié pour laisser place à quelque chose de délicieusement efficace avec quelques aromates supplémentaires pour les amateurs de défi.
Pour récolter encore plus de points de magie et gagner un meilleur rang à la fin de chaque étape, le joueur doit parvenir à enchaîner le plus de combos possible pendant les 20 niveaux. L’épilogue de Magolor nous livre alors une toute nouvelle saveur. Bien timer ses attaques, savoir jongler entre chaque compétence pour éviter le moindre coup tout en étant assez rapide pour ne pas perdre son combo et remplir sa jauge de magie pour lancer une attaque spéciale dévastatrice dans la foulée… ça devient un peu plus technique. Rien de très compliqué ceci dit, mais les combats de boss n’ont plus le même goût dès lors qu’on cherche un minimum de scoring. Entre chaque niveau, Kirby Return to Dream Land Deluxe nous sert des portes d’épreuves, un niveau spécial qui ne s'ouvre que quand le niveau requis d'un talent est atteint. Elles n’ont d’épreuve que le nom puisqu’elles n’ont absolument rien de difficile. Il suffit simplement d’avancer dans de brefs niveaux sans danger en utilisant à bon escient la compétence demandée. Elles font davantage office de tutoriel pour les améliorations de pouvoir qu’autre chose ce qui les rend sans intérêt.
S’il elle est cuisinée autrement, cette nouvelle histoire a la même odeur enivrante que les petits plats qui nous font nous sentir à la maison. Avec environ 3h30 de contenu annexe en faisant quelques épreuves, des boss avec plus de patterns, et un ennemi final plus retors que le reste du jeu, l’épilogue est rafraîchissant sans être non plus aux antipodes de Kirby. La direction artistique des décors et de l’ensemble des niveaux de ce bonus restera un peu dans la gorge tant elle ne fait pas spécialement honneur à la nouvelle bouille du jeu.
Un festin visuel à partager
La petite sucrerie qu’est Kirby Return to Dream Land Deluxe revient avec un tout nouvel emballage. Remake oblige, le jeu s’est refait une beauté avec des graphismes entièrement retravaillés qui font un bien fou à la direction artistique chatoyante de cet épisode. Un véritable délice visuel. Tous les détails, les animations, les modélisations et ce petit cel-shading du plus bel effet sont un régal. Les niveaux sont encore plus beaux, colorés, vibrants, c’est juste magnifique. Le jeu n’est jamais pris en défaut que ce soit en docké ou en nomade : c’est beau et encore plus fluide qu’avant. Mais pour faire un bon repas il ne faut pas seulement soigner la présentation.
Pour satisfaire celles et ceux qui ne seraient pas calés de la dizaine d’heures de jeu offerte avec les deux histoires, HAL Laboratory a mijoté un nouvel accompagnement : le parc Magoland. Dans un autre monde, une autre époque, le voyageur avait d’autres ambitions que de conquérir l'univers : divertir. Pour s’amuser avec ses amis, il créa un parc d’attractions avec de beaux cadeaux à gagner. Quatre joueurs, en local uniquement, peuvent donc investir les lieux pour prendre part à dix mini-jeux. Certains étaient déjà présents dans le jeu d’origine, d’autres viennent d’anciens épisodes de la franchise, tandis que quelques nouveautés se greffent au tout. C’est le cas de la chasse au tome Magolor, où il faut être le premier à trouver la couverture d’un livre identique à celui montré par le maître du jeu avec une phase finale où les points sont doublés. Sans être révolutionnaires, tous ces mini-jeux sont simples, efficaces et permettent de passer un bon moment.
Et comme Magolor a pensé à tout, celles et ceux qui parviendraient à venir à bout des missions affectées à chacun des mini-jeux récupéreront des tampons. En complétant chaque carte de tampons du jeu, les joueurs gagnent de nouveaux cadeaux dont des masques à l’effigie des différents personnages à porter pour donner un côté plus festif au parc. C’est complètement anecdotique, mais c’est rigolo quand même. Au rayon de la coop, Kirby’s Return to Dream Land Deluxe est toujours intégralement jouable à 4, tout comme son nouvel épilogue. Il est alors possible de de contrôler d'autres personnages tels que Meta Knight, le Roi DaDiDou et Bandana Waddle Dee ou prendre des Kirby/Magolor différents. On retrouve toujours les possibilités de coopération entre les joueurs pour se soigner, se lancer ou s’avaler mutuellement ou encore pour résoudre certains petits puzzles plus facilement. Malheureusement, seule la coop locale est privilégiée. Jouer avec vos amis à distance en ligne ? Vous pouvez oublier. Les conditions de tests ne nous ayant pas permis de goûter pleinement au mode coopératif, notre test de Kirby’s Return to Dream Land Deluxe sera mis à jour dès que possible.